Face à une dette de 36 000 milliards de dollars, la mission de Trump de rétablir l’équilibre budgétaire semble une tâche titanesque.
Face à une dette de 36 000 milliards de dollars, la mission de Trump de rétablir l’équilibre budgétaire semble une tâche titanesque. Quelles sont les véritables implications de cette promesse ?
Ce qui a le plus retenu notre attention dans l’avalanche de promesses de Donald Trump, c’est son engagement à équilibrer le budget.
« Dans un avenir proche, je veux accomplir ce qui n’a pas été fait depuis 24 ans : équilibrer le budget fédéral… Nous allons y arriver. »
Les absurdités et les petits dysfonctionnements du gouvernement américain moderne sont monnaie courante. Mais une dette de 36 000 milliards de dollars, c’est une tout autre affaire. Si nous ne veillons pas à ce que la fumée arrête de se propager, les flammes finiront par surgir.
M. Trump peut expulser tous les violeurs et meurtriers du pays qu’il veut. Il peut s’emparer du canal de Panama ou forcer tout le monde à parler anglais. Mais s’il ne contrôle pas les dépenses fédérales et n’aligne pas les revenus sur les dépenses, le rêve des partisans du MAGA prendra fin.
Cela ne signifie pas pour autant que le monde va s’effondrer. Les nations flirtent avec la faillite pendant des décennies. Elles enflent, émettent des obligations sans valeur, vendent leur or, laissent leurs infrastructures se détériorer et bradent leurs parcs nationaux. Depuis 1971, le dollar a perdu 85% de sa valeur – il lui en reste donc 15%. « Il y a beaucoup de ruine dans une nation », rappelait Adam Smith. Aujourd’hui, la question est de savoir comment éviter cette ruine.
Un politicien conventionnel comme Joe Biden n’aurait aucune chance. Pris dans l’engrenage de la myriade de parasites de Washington et de Wall Street, toute tentative de réduire les dépenses, de diminuer la masse salariale fédérale ou de recentrer les Etats-Unis sur l’essentiel serait systématiquement et désespérément bloquée.
Biden a suivi le chemin tracé par ses prédécesseurs, y compris Donald Trump, et les élites. Une voie qui mène aux deux pires destins possibles pour un empire d’un certain âge : la faillite et la guerre.
Les gouvernements des Grands Chefs pourraient, ou non, être mieux armés pour les éviter. Jusqu’à présent, rien n’indique un changement de cap majeur. Sur les grandes orientations, qu’elles soient fiscales ou militaires, « Trump II » semble dans la continuité des administrations précédentes. Mais une surprise serait la bienvenue.
Après tout, le Grand Chef peut faire ce que le démocrate ne peut pas faire. Il n’a pas besoin de consulter les membres du Congrès (dont il sait qu’ils sont dans la poche de divers lobbies). Il ne se soucie pas de froisser les susceptibilités ou les plans de retraite des membres des diverses organisations gouvernementales. Il ne se préoccupe pas non plus de suivre la Constitution de trop près ; une voix intérieure lui dit ce qu’il faut faire. Et il est du genre à « faire ce qu’il faut ». Pressé. Décisif.
Mais il y a un problème fondamental au coeur du gouvernement des Grands Chefs.
L’économie américaine repose sur plus de 330 millions d’individus, chacun poursuivant ses propres objectifs et cherchant à utiliser son temps et son argent pour les atteindre. Toute distraction – qu’il s’agisse d’envahir le Mexique ou d’en être expulsé – détourne ces ressources au profit de l’agenda du Grand Chef. Ainsi, plus ce dernier impose sa volonté avec vigueur, moins les masses obtiennent ce qu’elles désirent réellement.
Mais attendez… Et si la réduction de l’ingérence fédérale et le retour à l’équilibre budgétaire faisaient partie des priorités du Grand Chef ? Et si sa grandeur résidait précisément dans le fait de rendre le gouvernement fédéral moins imposant ? L’idée est séduisante, intrigante… et probablement illusoire.
Mais examinons-la tout de même.
Le Comité pour un budget fédéral responsable a déjà fait le calcul. Dans l’état actuel des choses, la dette américaine devrait augmenter de 18 000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Et cela en supposant que rien de grave ne se produise – pas de crise, pas de renflouement, pas de récession, pas de mesures de relance. Le bureau du budget du Congrès estime, quant à lui, que la dette atteindra 23 900 milliards de dollars.
Aucun de ces chiffres n’inclut l’extension des réductions d’impôts de Trump en 2017, qui devraient ajouter 4,6 mille milliards de dollars à la dette.
Et ce n’est pas tout. Le Kansas City Star rapporte :
« ‘La prochaine étape de notre plan visant à créer la plus grande économie de l’histoire est l’adoption par le Congrès de réductions d’impôts pour tout le monde’, a-t-il déclaré. Le coût des réductions d’impôts déjà prévues dans son budget adopté par le Congrès s’élève à 4 600 000 000 000 $.
‘Pas de taxe sur les pourboires’, a-t-il déclaré. Coût : 107 000 000 000 $.
‘Pas d’impôt sur les heures supplémentaires’, a-t-il déclaré. Coût : 866 000 000 000 $.
‘Pas d’impôt sur les prestations de sécurité sociale pour nos aînés’, a-t-il déclaré. Coût : 1 500 000 000 000 $.
‘Je veux aussi rendre déductibles les paiements d’intérêts sur les prêts automobiles’, a-t-il déclaré. Coût : 173 000 000 000 $.
‘Nous voulons réduire les impôts sur la production nationale et l’ensemble de l’industrie manufacturière’, a-t-il déclaré. Coût : 250 000 000 000 $.
‘Nous accorderons 100% d’exonération’, a-t-il déclaré. Coût : 100 000 000 000 $. »
Attendez un peu… Il s’agit de réductions d’impôts. Comment pourraient-elles augmenter le montant gaspillé par les autorités fédérales ?
Hélas, Elon l’a expliqué. « Toutes les dépenses fédérales sont des impôts », a déclaré le Grand Chef. Et il a raison.
Le coût direct de l’Etat est ce qu’il dépense, et non ce qu’il soumet à l’impôt sur le revenu ; il obtiendra l’argent d’une manière ou d’une autre. Ces réductions d’impôts – sans réductions budgétaires correspondantes – augmenteront la dette… qui finira par être payée par l’inflation, le défaut de paiement, les droits de douane ou tout autre prélèvement sournois.
Le coût total de toutes ces réductions d’impôts (y compris les réductions susmentionnées pour 2017) s’élève à 7 600 milliards de dollars… et porte l’augmentation totale de la dette sur dix ans à environ 30 000 milliards de dollars… la dette américaine dépassant les 60 000 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.
A ce niveau, les intérêts seuls représenteraient plus que toutes les recettes fiscales de la Californie au Mississippi. Et ce, si « rien de grave ne se produit ».
Quelle est la probabilité d’un tel scénario ?