« L’Afrique doit bâtir son propre modèle de développement »

Youcef Baadja revient sur les grands défis du développement en Afrique et le rôle des organisations de la société civile.

« L’Afrique doit bâtir son propre modèle de développement »
Point de vue
Jan 16, 2025
Par 
Rédaction

Nommé récemment à la présidence de l’ONG ASDH, Youcef Baadja revient sur les grands défis du développement en Afrique et le rôle des organisations de la société civile. Face aux critiques qui l’accusent de vouloir utiliser cette plateforme pour régler des comptes avec l’Algérie, il s’en défend et affirme que son engagement est au service du bien commun. Entretien sur le développement en Afrique.

À partir de votre expérience, quels sont les principaux obstacles qui freinent le développement en Afrique aujourd’hui ?

L’Afrique fait face à plusieurs défis structurels : la mauvaise gouvernance, le manque d’infrastructures, la dépendance économique aux matières premières et des systèmes éducatifs inadaptés. À cela s’ajoutent des tensions politiques et sécuritaires qui freinent la stabilité nécessaire à l’investissement et à l’innovation. Pourtant, le continent regorge de ressources humaines et naturelles qui, bien exploitées, peuvent le transformer en véritable moteur de croissance.

Selon vous, quels secteurs devraient être prioritaires pour assurer un développement durable et inclusif sur le continent ?

L’éducation et la formation professionnelle sont la clé. Il est urgent de former une jeunesse africaine prête à relever les défis de demain. Ensuite, il faut investir massivement dans les infrastructures de base – énergie, transport, numérique – pour faciliter l’émergence d’une économie compétitive. Enfin, l’industrialisation et l’agriculture durable sont essentielles pour réduire la dépendance aux importations et créer de la valeur ajoutée sur place.

Quel rôle les ONG, comme celle que vous dirigez, peuvent-elles jouer face aux défis du sous-développement et de la gouvernance en Afrique ?

Les ONG sont un contre-pouvoir indispensable pour promouvoir la transparence, l’éducation civique et les droits humains. Elles servent aussi d’interface entre les citoyens et les institutions pour impulser des réformes structurelles. Elles ne remplacent pas l’État, mais elles lui rappellent ses obligations et peuvent agir là où les gouvernements échouent.

Pensez-vous que les modèles de développement appliqués jusqu’à présent en Afrique sont adaptés aux réalités locales ? Si non, quelles alternatives proposezvous ?

L’Afrique doit sortir du mimétisme des modèles étrangers qui ne correspondent pas à ses réalités. Il faut des politiques de développement qui tiennent compte des spécificités culturelles, sociales et environnementales du continent. Le développement doit être endogène, fondé sur nos propres ressources et compétences, tout en restant ouvert aux partenariats internationaux équilibrés.

Comment voyez-vous la place de l’Afrique dans l’économie mondiale dans les décennies à venir ?

L’Afrique a un potentiel énorme pour devenir un acteur central de l’économie mondiale. Avec une population jeune et dynamique, une richesse en ressources naturelles et des avancées technologiques, elle peut se positionner comme un pôle d’innovation et d’industrialisation. Mais cela dépendra de notre capacité à investir dans l’éducation, la stabilité politique et une gouvernance transparente.

Votre nomination à la tête de l’ONG ASDH a suscité des réactions diverses. Quels sont vos principaux objectifs en tant que président ?

Ma mission à la tête de l’ASDH est claire : renforcer la promotion des droits humains et du développement en Afrique. Nous voulons soutenir des projets concrets sur le terrain, œuvrer pour une meilleure gouvernance et accompagner les populations vulnérables. L’ONG se veut un acteur de progrès, indépendant et constructif.

Certains disent que vous pourriez utiliser votre position pour régler vos comptes avec l’Algérie. Que répondez-vous à ces accusations ?

Ce genre d’accusations est infondé. Mon engagement dans l’ASDH dépasse toute considération personnelle ou politique. L’ONG œuvre pour le bien commun en Afrique, sans parti pris ni agenda caché. Mon but n’est pas de régler des comptes, mais de contribuer à un développement harmonieux et au respect des droits fondamentaux sur tout le continent, y compris en Algérie.

Comment comptez-vous renforcer la crédibilité et l’impact de l’ASDH sur le terrain ?

En travaillant sur des projets concrets, en établissant des partenariats solides avec des organisations locales et internationales, et en garantissant une gestion transparente de nos actions. La crédibilité se construit avec des résultats tangibles, pas avec des discours.

Votre engagement dans cette ONG marque-t-il un tournant dans votre parcours personnel et professionnel ?

Absolument. C’est une étape qui me permet de mettre mon expérience au service d’une cause noble, au-delà des enjeux personnels ou nationaux. Je crois profondément en l’importance des structures indépendantes qui défendent le bien commun.

Quel message souhaitez-vous adresser aux Africains qui s’engagent pour le développement et la défense des droits humains ?

N’abandonnez pas. Le combat pour un avenir meilleur est difficile, mais nécessaire. L’Afrique a besoin de citoyens engagés, de leaders responsables et d’acteurs du changement. Chacun a un rôle à jouer, à son échelle, pour bâtir un continent plus juste et prospère.

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