Le cheikh Tahnoon dirige la poussée stratégique des Émirats arabes unis en matière d'IA aux États-Unis

L'initiative d'investissement sans précédent des Émirats arabes unis aux États-Unis, d'une valeur de 1 400 milliards de dollars, est en train de remodeler le paysage technologique et géopolitique mondial - et au centre de tout cela se trouve le cheikh Tahnoon bin Zayed Al-Nehayyan, conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis et nouvel architecte de la stratégie du pays pour le XXIe siècle.

Si le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohamed bin Zayed (MBZ), reste l'homme fort du leadership émirati, c'est son frère, le vice-monarque d’Abu Dhabi, cheikh Tahnoon, qui orchestre les actions les plus stratégiques de cette nation du golfe Arabique. Sa rencontre privée avec le président américain Donald Trump dans le bureau ovale le 18 mars - en contournant les canaux diplomatiques traditionnels - souligne son rôle en tant que principal agent de pouvoir du pays dans les domaines du renseignement, de la technologie et des capitaux.

"Les discussions ont porté sur les moyens pour nos pays d'accroître notre partenariat afin de faire progresser notre avenir économique et technologique", a déclaré M. Trump dans un message publié sur Truth Social, ajoutant que les Émirats arabes unis et les États-Unis sont partenaires pour apporter la paix et la sécurité au Moyen-Orient et dans le monde.

^{Un changement stratégique vers la domination de l'IA}

Au cœur de l'investissement des Émirats arabes unis se trouve un partenariat d'infrastructure de l'IA avec les poids lourds américains de la technologie que sont Microsoft, NVIDIA, BlackRock et xAI d'Elon Musk. L'objectif : codévelopper des centres de données d'IA de pointe, des chaînes d'approvisionnement en semi-conducteurs et des infrastructures informatiques de nouvelle génération.

Cette initiative place les Émirats arabes unis au cœur de l'écosystème de l'IA dirigé par les États-Unis et les éloigne intentionnellement de leurs liens technologiques antérieurs avec la Chine. "Il s'agit d'un moment charnière dans la géopolitique de la technologie", a déclaré un analyste principal du Center for Strategic and International Studies (Centre d'études stratégiques et internationales). "Les Émirats arabes unis achètent un siège stratégique à la table de l'avenir de l'IA en Occident.

La doctrine Tahnoon : Une influence discrète, une portée mondiale

En tant que président de l'entreprise d'IA G42 et de la société d'investissement ADQ, le cheikh Tahnoon a dirigé avec précision la diplomatie les Émirats arabes unis dans le domaine de la technologie et de la richesse souveraine. G42, autrefois liée à des partenaires chinois dans le domaine des données, s'est résolument tournée vers des collaborations américaines - une évolution directement attribuée au calcul stratégique de M. Tahnoon.

Sa rencontre avec M. Trump a été perçue comme un geste calculé pour assurer la continuité avec une éventuelle future administration américaine, sans l'optique formelle d'un soutien au niveau de l'État. Elle a également montré que les Émirats arabes unis ont l'intention de rester un partenaire indispensable des États-Unis dans la course mondiale à la suprématie de l'IA.

L'un des principaux objectifs des réunions du cheikh Tahnoon est de persuader la Maison-Blanche d'assouplir les restrictions à l'exportation de semi-conducteurs avancés afin de permettre aux Émirats arabes unis d'en acheter davantage.

Avant de quitter ses fonctions, l'ancien président Joe Biden a introduit un système à trois niveaux et a placé les Émirats arabes unis et une grande partie du monde dans un groupe intermédiaire, soumis à des limitations sur l'achat des meilleures puces américaines, mais pas soumis à une interdiction pure et simple. Pour cette raison, le cheikh aurait pu proposer un accord d'IA de gouvernement à gouvernement qui soutiendrait les objectifs de l'administration en matière de sécurité et de politique industrielle, tout en évitant les plafonds restrictifs imposés aux Émirats arabes unis.

Énergie et infrastructure : La prochaine étape

Pour alimenter la prochaine vague d'IA, les Émirats arabes unis investissent également 25 milliards de dollars dans l'infrastructure énergétique américaine par l'intermédiaire de l'ADQ et d'Energy Capital Partners. Ces initiatives renforcent l'interdépendance économique bilatérale tout en positionnant les Émirats arabes unis en tant que partie prenante dans les infrastructures numériques et physiques.

Les plans d'investissement dans l'énergie et l'intelligence artificielle annoncés lors de la visite du cheikh Tahnoon ont laissé une forte impression à Washington, comme l'a exprimé le vice-président JD Vance, qui a déclaré lors du Sommet de la dynamique américaine le 18 mars dernier que son administration était "ravie d'avoir nos amis des Émirats arabes unis, un certain nombre de chefs d'entreprise et de responsables gouvernementaux, en ville cette semaine pour des réunions avec notre gouvernement".  Il a fait l'éloge de ces visiteurs en déclarant que "l'une des choses sur lesquelles ils insistent constamment - c'est quelque chose que malheureusement trop peu de nos alliés européens ont tendance à comprendre - c'est que si vous voulez être leader dans le domaine de l'intelligence artificielle, vous devez être leader dans le domaine de la production d'énergie".

L'essor des investissements des Émirats arabes unis dans le domaine de l'IA n'est pas qu'une question d'économie : il s'agit d'un pari stratégique sur le pouvoir à long terme. En s'intégrant dans l'écosystème technologique et énergétique des États-Unis, les Émirats arabes unis s'alignent sur l'Occident, défient l'influence de la Chine et remodèlent la dynamique du pouvoir dans le Golfe.

Derrière ce changement géopolitique se trouve le cheikh Tahnoon, un stratège à la voix douce dont la diplomatie discrète est en train de réécrire les règles du jeu pour les petits États aux grandes ambitions.

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