Seconde partie d'un dossier exclusif sur le Bitcoin et les nouvelles stratégies des banques centrales
Article signé par la rédaction de Géopolitique profonde pour Géostratégie magazine. Retrouvez chaque semaine les entretiens de Géopolitique profonde gratuitement sur leur chaîne YouTube
Une autre approche, plus subtile, mais aussi plus pernicieuse, consisterait à instaurer une régulation financière spécialement conçue pour favoriser le dollar américain. Dans ce cadre, les autorités imposeraient aux institutions financières qui détiennent des actifs pour le compte de tiers (banques, courtiers, fonds…) de maintenir une proportion significative de leurs réserves en dollars américains. Cette exigence servirait de garantie pour leurs opérations financières.
Par exemple, si un investisseur achète du BTC sur une plateforme telle que Coinbase (courtier crypto américain coté au NASDAQ), cette dernière serait légalement obligée de détenir en réserve une valeur équivalente en dollars. Cette mesure viserait à s'assurer que pour chaque Bitcoin acquis, une couverture en dollars américains est maintenue, ce qui renforce la demande pour le dollar.
Ce mécanisme pourrait avoir un effet multiplicateur. Lorsque le prix du bitcoin augmente, les plateformes et autres dépositaires seraient contraints d’accroître leurs réserves en dollars ou en obligations du Trésor américain, un combo gagnant pour faciliter l'écoulement de la dette publique américaine. En d'autres termes, plus la valeur des actifs numériques comme le bitcoin croît, plus la demande pour le dollar s'intensifie, renforçant ainsi sa position dominante dans le système financier mondial.
La troisième méthode complémente les deux précédentes en encourageant les gros émetteurs de stablecoins à détenir des réserves libellées en dollar. À mesure que ces entités, telles que Tether ou Circle, prennent de l'ampleur, elles achètent davantage de bons du Trésor pour garantir la valeur de leurs stablecoins, USDT et USDC, adossés au dollar américain, en plus de toucher un intérêt (actuellement 3,8 % annuel sur le bon du Trésor à 10 ans). Ces émetteurs sont privilégiés, car centralisés. Ils ont un siège social et soutiennent leurs cryptos stables par des actifs tangibles, contrairement à d’autres stablecoins comme le LUSD, une autre cryptomonnaie volatile, et qui est quasiment inarrêtable, car décentralisé, qui repose uniquement par une sur-collatéralisation de l’ether (ETH).