EHang vend essentiellement en Chine, et commence à exporter, notamment au Brésil.
Le marché du taxi volant peut sembler marginal, ou être à ses balbutiements. Pourtant, l’essor est fulgurant. Il faut être en Chine pour le croire.
Entretien exclusif avec Zhao Wang qui représente une société dont l'ascension est fulgurante, et qui part à la conquête du marché mondial.
Monsieur Zhao WANG, pourriez-vous nous présenter brièvement la société Ehang dont vous êtes COO ?
Ehang est le leader chinois et mondial d’eVTOL ( electric vertical take-off and landing) qui a été créé par Monsieur Huazhi HU il y a exactement dix ans à Guangzhou, Chine. A ce jour, c’est le seul acteur qui a obtenu trois licences de la part du bureau d’aviation du pays (CAAC) : TC (Type certification), AC (Airworthiness certification) et PC (Production certification) pour son model EH216 – S. La série EH216 a déjà réalisé plus de 50 000 vols sans accident, dans 17 pays. EH216 – S a trois versions : transporteur de passager, logistique et anti-incendie. Le prochain produit qui va demander la licence de certificat de type probablement l’année prochaine sera VT35 qui pourrait voler jusqu’à 350km,
Quelles sont les caractéristiques techniques d’EH216 – S ?
EH216 – S est un engin autonome (sans pilote) le plus petit, le plus léger, le plus économique avec deux places de passagers. Il possède 16 hélices en 8 groupes ayant un diamètre de 6.05m et 1.93m de hauteur. Il pèse 620 kilos. Il peut voler jusqu’à 130km/h jusqu’à 30km pendant 25 minutes. Le fait que nous avons conçu un avion électrique de cette distance est parce que 80% des cas de transports sont 1-2 personnes pour des courtes durées, d’un point à un autre point en ville ou entre l’aéroport et le centre-ville
Qui sont vos clients ? Quel est votre carnet de commande ? Combien de pièces vous pourriez livrer cette année et l’année prochaine ?
La majorité de nos clients aujourd’hui est les gouvernements locaux chinois qui ont établi des structures spécifiques pour les opérations essentiellement liées au tourisme ou taxi volant. Cependant 10% du carnet de commande provient des clients étrangers qui se trouvent dans une dizaine de pays. Nos partenaires travaillent étroitement avec leurs gouvernements et les bureaux d’avions du pays pour les licences locales. Par exemple, notre partenaire à Abu Dhabi a déjà effectué un nombre important de vol de transporteur de passagers et une démonstration de vol logistique. Le gouvernement d’Abu Dhabi souhaiterait qu’Ehang y établisse une usine de assemblage. Au Brésil, nous avons obtenu une licence de vol temporaire valable d’un an qui nous permet de voler avec passagers. A ce jour, nous avons une commande de 1200 pièces. D’après notre estimation, nous serions en mesure de livrer 200 pièces cette année et 400 l’année prochaine.
Comment comparez-vous le développement du secteur « Low-Altitude economy » en Chine et celui en Europe ?
Nous sommes convaincus qu’eVTOL sera une grande industrie dans l’avenir. En revanche, les vitesses de développement sont différentes, ainsi que l’acceptance des opinions publiques. Le gouvernement chinois central a identifié « Low-Altitude economy » l’un des cinq secteurs les plus stratégiques des 10 prochaines années. Une vingtaines de provinces ont déjà établi des politiques de soutien au développement de ce secteur. Des fonds spécifiques ont été établis, des infrastructures se développement à grands pas. L’opinion publique est aussi très favorable. Sur les sites touristiques où les avions d’Ehang effectuent des vols, les gens font la queue pour expérimenter. Nous regrettons l’annulation du vol de démonstration de Volocopter pendant les Jeux Olympiques de Paris, probablement pour des raisons de précaution étant donné l’importance de l’évènement. De notre côté, nous sommes en contact avec le groupe ADP, le bureau de l’Aviation civile français et EASA (European Union Aviation Safety Agency) pour promouvoir notre technologie et obtenir des licences nécessaires pour pourvoir opérer en Europe.