La lutte contre le narcotrafic, avec Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille
Article signé par la rédaction du Club des juristes, partenaire de Géostratégie magazine. Retrouvez chaque semaine les podcasts « Quid Juris ? » du Club des juristes gratuitement sur leur site internet.
Dans le podcast de la semaine Nicolas Bessone, procureur de la République à Marseille, est l’invité de Laurent Neumann, pour analyser les enjeux juridiques liés à la lutte contre le narcotrafic, un fléau qui fait de Marseille l’épicentre de cette problématique en France.
Narcotrafic : un système judiciaire sous pression
Avec un chiffre d’affaires annuel estimé à 3,5 milliards d’euros et plus de 250 000 personnes impliquées, le narcotrafic représente une menace croissante pour les institutions françaises. À Marseille, où 49 meurtres liés à ces activités ont été enregistrés en 2023, la situation est critique. Le procureur Bessone alerte sur les limites des capacités actuelles : « À effectifs constants, nous risquons d’être confrontés d’ici 2026 à des remises en liberté de personnes mises en examen pour des affaires graves, faute de pouvoir tenir les délais ».
Vers des réformes institutionnelles
Pour répondre à ces défis, le Procureur Bessone appelle à la création d’un parquet national dédié à la criminalité organisée : « les organisations criminelles marseillaises diversifient leurs activités bien au-delà du trafic de stupéfiants, un parquet spécialisé est essentiel pour répondre efficacement à cette complexité ».
Faisant le constat que « les pressions exercées sur les jurés populaires rendent ces procès particulièrement sensibles », il plaide également pour la mise en place de cours d’assises spéciales composées uniquement de magistrats professionnels.
S’inspirant du modèle italien, il soutient l’extension du statut des collaborateurs de justice : « collaborer avec les chefs de réseaux criminels peut briser leurs structures. Cela serait un levier puissant ». Ces derniers pourraient jouer un rôle clé dans le démantèlement des réseaux. Enfin, pour le procureur, « affaiblir financièrement les trafiquants est indispensable pour briser leur emprise ». Il ne rejette pas l’idée d’une réforme des saisies et confiscations pour frapper les organisations criminelles directement au portefeuille, même avant condamnation.
Une réponse coordonnée et ambitieuse souhaitée
Le procureur Bessone juge enfin que les annonces récentes des ministres Didier Migaud et Bruno Retailleau, « vont dans le bon sens ». Il précise cependant qu’elles « devront s’accompagner de moyens supplémentaires, car la lutte contre le narcotrafic exige une mobilisation totale de toutes les institutions judiciaires et policières », conclut-il.
Le lien du podcast : https://www.leclubdesjuristes.com/les-podcasts/quid-juris-la-lutte-contre-le-narcotrafic-avec-nicolas-bessone-7852/