Comprendre les krachs et les crises financières (1/2)

Endettement excessif, bulles spéculatives, crises systémiques… Retour sur les grandes secousses financières des 25 dernières années

Comprendre les krachs et les crises financières (1/2)
Business et Marchés
Apr 11, 2025
Par 
Mory Doré

Endettement excessif, bulles spéculatives, crises systémiques… Retour sur les grandes secousses financières des 25 dernières années et les leçons que l’on peut en tirer.

Assister à de violentes secousses sur les marchés financiers reste toujours impressionnant, même après des années d’observation et de pratique. Mais avec l’âge – il faut bien qu’il ait ses avantages – vient en principe une capacité accrue à prendre du recul, avant, pendant et après les épisodes de stress financier. Cela ne signifie pas que l’on peut tout anticiper, loin de là, mais cela permet souvent de mieux comprendre la mécanique des crises.

Comment expliquer simplement, mais sérieusement, ces crises et ces krachs ? Cet article tentera de le faire en mettant en évidence trois types de crises.

Nous ne reviendrons pas sur le krach d’octobre 1987. A cette époque, les marchés étaient bien moins mondialisés qu’aujourd’hui, et les effets de levier beaucoup plus limités. Certes, la chute de 22% du Dow Jones en une seule séance, le 19 octobre 1987, reste un record en pourcentage. Mais en valeur absolue, elle ne représentait « que » 510 points, soit une variation qui correspondrait aujourd’hui à une baisse de 1,30%, si l’on considère un Dow autour de 38 000 points.

De la même manière, nous ne traiterons pas non plus de la chute brutale des marchés en mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19. Ce choc, bien que massif, s’inscrivait dans un contexte très particulier : il s’agissait d’une crise dont les causes étaient extérieures à la sphère financière et économique.

Premier type de crise : les stress liés à un surendettement insoutenable

Les trois grandes crises financières majeures du XXIe siècle ont toutes une origine commune : une situation d’endettement excessif, souvent accompagnée d’une surévaluation des actifs concernés. Dans chaque cas, ces déséquilibres se sont transformés en véritables crises de solvabilité.

L’éclatement de la bulle télécoms (1999-2000)

On se souvient de l’envolée délirante des valorisations boursières des entreprises du secteur des télécommunications, lourdement endettées. L’éclatement de cette bulle, au tournant des années 1999-2000, a marqué le premier choc financier majeur du siècle.

La crise des subprimes (2007-2008)

Vient ensuite la crise des crédits subprimes, octroyés à des ménages américains surendettés et souvent mal évalués. Ces prêts « pourris » ont été massivement titrisés et intégrés dans des produits structurés complexes. Cela a débouché, dès 2007, sur une crise sans précédent du marché de la titrisation, culminant avec la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008 et une contagion mondiale fulgurante.

La crise des dettes souveraines dans la zone euro (2009-2012)

Enfin, à partir de fin 2009 et jusqu’à l’été 2012, certains Etats de la zone euro – notamment la Grèce, l’Espagne ou encore l’Italie – ont été confrontés à un surendettement devenu insoutenable. Ce stress souverain a engendré une crise de confiance durable au sein de l’Union monétaire.

Dans toutes ces crises, la dimension systémique a imposé des réponses vigoureuses. D’abord, les politiques monétaires ont été massivement assouplies, allant jusqu’à l’adoption de mesures non conventionnelles. Toutefois, la seule politique monétaire n’aurait pas suffi, en particulier face à l’ampleur de la crise bancaire de 2008-2009. Une réforme en profondeur du cadre réglementaire a donc été engagée pour réduire le risque systémique.

Parmi les principales évolutions :

Réduction de l’exposition interbancaire

Les exigences en fonds propres ont été renforcées, notamment pour les expositions entre institutions financières, limitant la concentration des risques depuis la faillite de Lehman.

Sécurisation des marchés de dérivés

Les transactions sur produits dérivés sont désormais largement collatéralisées. Le recours accru aux chambres de compensation vise à éviter qu’un défaut majeur n’entraîne les conséquences systémiques observées en 2008.

Création de mécanismes de résolution bancaire en Europe

En cas de faillite bancaire, un cadre structuré permet une gestion ordonnée via le Conseil de Résolution Unique (CRU) et le Fonds de Résolution Unique (FRU), financé par les établissements eux-mêmes. Le principe du bail-in (impliquant les créanciers privés) est désormais privilégié. Des bail-out partiels – sauvetages publics – peuvent encore exister à la marge, mais ils ne ressemblent en rien aux injections massives de fonds publics vues dans la première moitié des années 2010.

Nous verrons dans notre prochain article qu’il existe deux autres types de crise : les krachs traditionnels sur différentes classes d’actifs financiers, et les krachs provoqués par une déconnexion entre liquidité et fondamentaux.

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