Après France 24 et RFI, TV5Monde est victime de la situation troublée au Mali
Les chaînes d’informations françaises sont bel et bien dans le viseur de la junte malienne. Après France 24 et Radio France Internationale (RFI), c’est au tour de la chaîne francophone TV5 Monde d’être interdite d’émission. Plus récemment, France 2 a, elle aussi, été suspendue début 2024, avant que LCI ne connaisse le même sort fin août. Un nouveau coup porté à l’indépendance de la presse.
La junte au pouvoir au Mali a suspendu il y a quelques jours et pour trois mois, la diffusion de la chaîne francophone TV5 Monde, qui a, selon elle, a manqué « d’équilibre » dans le traitement d’une information, selon une décision que l’Agence France-Presse (AFP) a relayé mercredi 11 septembre. La Haute Autorité de la communication (HAC) reproche à la direction de l’information d’avoir fait état, dans son édition du journal Afrique très suivie au Mali, de la mort d’au moins vingt civils dans des raids de drones à Tinzaouatène, dans le Nord du pays, faisant fi de la version officielle, en l’occurrence celle de l’armée malienne. Laquelle disait avoir visé des « terroristes » et non des civils.
La direction de la chaîne « regrette cette situation et notamment de ne pas avoir été saisie par la HAC et de n’avoir pu apporter des explications au regard des faits qui lui sont reprochés », a-t-elle réagi dans un communiqué. Cette dernière précise par ailleurs, qu’au moment où l’information a été diffusée sur son antenne, l’armée malienne n’avait pas encore donné sa version des faits et ce, malgré plusieurs sollicitations en ce sens et respectant le principe contradictoire. Néanmoins, la « version » de l’armée au pouvoir a été communiquée par la chaîne dans une brève datée du 26 août.
Rappel des faits : les militaires de la junte au pouvoir, après avoir renversé le président élu Ibrahim Boubacar Keïta en 2020, ont rompu deux ans plus tard avec la France et ses partenaires européens, se tournant ainsi militairement et politiquement vers Moscou.
« Nombreux sont les correspondants de médias étrangers, principalement occidentaux, contraints au départ ou au silence. »
Depuis le coup d’État , France 24 et Radio France Internationale (RFI), toutes deux très suivies au Mali, ont été privées d’antenne. La chaîne de service public français France 2 avait, elle aussi, été suspendue début 2024, avant que LCI appartenant au groupe privé TF1 ne connaisse le même sort fin août. Nombreux sont les correspondants de médias étrangers, principalement occidentaux, contraints au départ ou au silence.
Sur le plan intérieur, pas mieux : la junte avait aussi interdit en avril aux médias de couvrir les activités des partis politiques, ce qui avait suscité de vives réactions à l’étranger et de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. Bien que l’opposition soit dans une large mesure réduite au silence. Au Burkina Faso et au Niger, voisins et alliés du Mali, des militaires se sont également emparés du pouvoir par la force, en 2022 et 2023. Là encore, des mesures de censure et de pressions ont été engagées à l’encontre de la presse étrangère.
« Du côté des institutions internationales, politiques ou représentatives de la sécurité et de la paix, diplomatiques, des libertés ou bien encore des droits de l’homme : silence radio. »
Pour mémoire, la chaîne de télévision TV5 Monde, qui a pour vocation de promouvoir la culture et la création francophone sous toutes ses formes, est l’opérateur officiel de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Son capital est partagé par des entreprises audiovisuelles publiques françaises (dont France Télévisions), belge, suisse, canadienne et québécoise.
Du côté des institutions internationales, politiques ou représentatives de la sécurité et de la paix, diplomatiques, des libertés ou bien encore des droits de l’homme : silence radio.
Article rédigé par Olivier de Lagarde, en collaboration avec La Tribune des Nations (Genève), partenaire officiel de Géostratégie magazine.