Bitcoin : La nouvelle arme stratégique des géants de Wall Street

Dans les salles feutrées des conseils d'administration des sociétés listées à Wall Street, une révolution silencieuseest en marche.

Bitcoin : La nouvelle arme stratégique des géants de Wall Street

Cryptomonnaies - Par Service Économique Géostratégie magazine

 

Dans les salles feutrées des conseils d'administration des sociétés listées à Wall Street, une révolution silencieuse est en marche. Nouvelle étape de leur émancipation des États, les sociétés cotées déploient une stratégie audacieuse : l'ajout de Bitcoin comme actif deréserve de trésorerie. Ce phénomène, loin d'être anecdotique, révèle une transformation profonde des rapports de force dans l'échiquier financier mondial. Soixante sociétés listées sur le NASDAQ ont du Bitcoin dans leur bilan, pour un total de +522.000 unités soit environ 49 MMEUR, incluant Tesla ou Block (ex Square).

Une stratégie long terme

MicroStrategy, sous la houlette de son PDG Michael Saylor, fait figure de précurseur dans cette nouvelle guerre froide financière. L'entreprise, qui est leader mondiale dans le domaine avec +386.000BTC détenus (soit environ $38MM de valeur pour $22MM investit), n'a pas hésité à planifier l’émission de nouvelles actions pour un montant de $21MM  pour financer ses acquisitions massives de Bitcoin, transformant de facto son bilan en un véhicule d'exposition au crypto-actif. Une stratégie qui fait des émules : Tesla, Block (anciennement Square), et même des institutions financières traditionnelles emboîtent désormais le pas.
Il faut dire que cette stratégie long-terme est gagnante pour MicroStrategy dont le titre progresse de 450% en 2024 et rentre dans le NASDAQ-100, évolution impressionnante pour un titre passé de $0.42 en 2022 à $420 environ aujourd’hui.

Une réponse à l'inflation

Cette ruée vers l'or numérique n'est pas le fruit du hasard. Face à l'impression monétaire massive des banques centrales de ces dernières années et aux tensions géopolitiques croissantes, les entreprises cherchent à sanctuariser leurs réserves au-delà des monnaies de banque centrale ou des bons du trésor d’États. Le Bitcoin, avec son offre limitée à 21 millions d'unités et un ETF Blackrock émis avec succès cette année, apparaît comme un bouclier contre l'érosion monétaire programmée des devises fiduciaires.

L'effet domino des émissions de titres

Plus fascinant encore, nous assistons à un phénomène inédit : des sociétés cotées n'hésitent plus à lever des capitaux via l'émission de titres dans le seul but d'acquérir du Bitcoin. Cette stratégie,qui aurait semblé suicidaire il y a quelques années, révèle une confiance grandissante dans la thèse du Bitcoin comme réserve de valeur institutionnelle. A quoi bon investir dans une levée de fonds visant à acquérir du BTC alors que des ETF 1:1 BTC existent ? Peut être parce qu’une société produit des dividendes contrairement au Bitcoin.

Les implications géopolitiques

Cette tendance soulève des questions cruciales sur l'équilibre des pouvoirs financiers mondiaux. Les États-Unis, qui ont longtemps bénéficié du statut de monnaie de réserve du dollar, observent avec attention ce phénomène qui pourrait remettre en question leur hégémonie monétaire. La Chine, qui a banni le minage de Bitcoin de son territoire au profit de son projet de Yuan numérique, semble avoir sous-estimé l'importance stratégique de cet actif digital. Bitcoin ayant aussi l’avantage d’être incensurable, apportant un avantage décisif dans de nombreux marchés sensibles aux évolutions géopolitiques.

Perspectives et enjeux

L'adoption du Bitcoin par les sociétés cotées n'est que la partie émergée de l'iceberg. Cette stratégie pourrait préfigurer une reconfiguration complète du système financier mondial, où les entreprises privées deviendraient les gardiennes d'une nouvelle forme de réserve de valeur, indépendante des banques centrales. Il faut compléter ce scénario, a priori favorisé par l'élection de Trump, par le nouveau rôle que vont prendre les exchanges centralisés qui développent leur propre blockchain, véritables réseaux d’échanges de valeur parallèle au système bancaire traditionnel. Il est fort à parier que les stable coins sont déjà présents dans les bilans et que leur montée en puissance sera forte dans les prochaines années. Des réserves de valeur dans un actif indépendant des banques centrales, des mécanismes d’échanges indépendants des banques privées, la brique manquante du paiement décentralisé restera alors à déployer pour une indépendance totale.

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